Interview Jacques FAIVRE (l'Est républicain)
Réponses à un journaliste de l'Est républicain
Qui êtes vous, Jacques FAIVRE ?
Je suis le maître (Senseï) d'Aïkido des dojos de Laneuveville,Essey les Nancy, Tomblaine, Richardmenil et Jeandelaincourt ; je suis né le 19 février 1953 (71 ans) à Eloyes dans les Vosges. Je pratique l'Aïkido depuis 1978 et l'enseigne depuis 1984 à titre totalement bénévole.J'enseigne l'Aïkido traditionnel aux dojos d'Essey les Nancy et de Richardmenil et mes élèves - Michel Di Martino, Jean-Claude THIRIET, Toni CHEVRIER, Aimé FOUSSE, Hakan BILECAN enseignent ou m'assistent dans les autres dojos.
Quelle est votre situation professionnelle en dehors des cours dont vous assurez la charge ?
Je suis actuellement en retraite depuis Janvier 2018. Je suis Psychosociologue de formation et initié à la psychanalyse à l’école freudienne de Paris avec Jacques LACAN (années 70). Entre 1980 et 2018, j’ai créé et dirigé plusieurs entreprises - gestion de ressources humaine (A3C 1985/1990), mobiliers urbains de communication multimedia (FACICOM Sa 1987/1996) , systèmes de gestion et de protection de places de parking (Technolia SA 2003/2007), Conseil en stratégie d’entreprise (JFConseil 1998/2010 ), Bureau d’etude en matière de rénovation énergétique (SAVECOM SCIC SA 2012/2017) ; j’ai aussi occupé des fonctions de cadre dirigeant à France télécom multimédia (1992/1996) et auprès de monsieur Jean-Claude DECAUX (Mobilier urbain 1998/2003). Toutes mes entreprises et fonctions m’ont amené à inventer et à produire des systèmes innovants. La pratique de l’aikido a, sans aucun doute, largement contribué à la réussite de mes entreprises et notamment dans la conception et la direction stratégique de celles-ci.
Depuis quand et où enseignez-vous l'aïkido ?
J’ai commencé l’aikido en 1978 à Nancy. A cette époque, je me relevais d’une grave maladie qui m’avait quasiment paralysé pendant 2 ans en atteignant toutes mes articulations. La médecine chinoise m’avait permis de retrouver une forme suffisante pour reprendre une activité physique quand la médecine officielle était impuissante. J'ai alors étudié la médecine chinoise et la philosophie qui la fonde. L’intérêt que j’ai alors porté aux arts orientaux m’a conduit vers l’Aikido ; ceci représentait une gageure puisque la souplesse semblait alors une qualité requise pour sa pratique
.
C’est en 1984 que j’ai commencé à enseigner en autonomie. J’ai ainsi assuré des cours à Tomblaine (mon premier dojo) puis en région Parisienne (Le Pecq, Bezon, Colombes) et enfin à Laneuveville depuis 2004.
J’ai eu l’occasion de pratiquer, dès le début, avec plusieurs maîtres, formés par le fondateur de l’aikido Morihei UESHIBA ( TAMURA, KANAI, KOBAYASHI, YAMADA,SUGANO,SUGANUMA, SUGA ...) mais c’est sans conteste l’enseignement de Maître TAMURA ( voir : http://aikido-54-nancy.com/fr/112/21/nobuyoshitamura.html) dont j'ai eu la chance de suivre les cours pendant plus de 12 ans qui inspirent mon aikido d'aujourd'hui . Mon long passage au sein de l'EPA d’Alain PEYRACHE, considéré au debut comme un des meilleurs élèves de Tamura, m'a permi de construire mon autonomie organisationnelle et de me donner les moyens de cette autonomie selon le principe fondateur “un maître, un dojo“. Lorsque j'ai pu constater que la voie tracée par Tamura n'était plus celle de Peyrache et que l'autonomie de mon dojo se heurtait à la centralisation larvée de l'EPA, j'ai quitté cette structure et abandonné tous mes titres et responsabilités .
Aujourd'hui, j'assume ma mission de senseï de mes dojos en toute indépendance, à l'écart des organisations centralisatrices de type fédérales ou qui induisent une hiérarchie qui rentre inévitablement en conflit avec le principe fondateur " un maitre, un dojo" . C'est dans ce type de milieu que se développent des "Ego" générateurs de conflits permanents et de fermeture aux évolutions souhaitables dans la pratique de la voie ; et ce d'autant plus que certains profitent alors d'une économie cachée qui justifie des comportements impropres aux valeurs de l'aïkido.
Quelle est votre méthode d’enseignement ?
Mon enseignement s’inscrit dans la lignée partant du fondateur de l’aikido – Morihei UESHIBA – transmis par ses élèves et en particulier Nobuyoshi TAMURA Senseï . C’est ce qui définit un enseignement traditionnel qui se fait de Maître à élèves comme tout art traditionnel ( par analogie : maître verriers, Maître de compagnonnage...). L’aikido se pratique dans un dojo (http://www.aikido-54-nancy.com/fr/47/21/dojo.html ) ; les cours sont assurés par le maître aidé de ses soto deshi (élèves en cours apprentissage) – il n’y a pas de cours débutant/anciens ...etc , tout le monde pratique quelques soient, ses capacités, son niveau ou son ancienneté . Ce que je montre permet aux plus anciens (sampaï) de progresser et il leur appartient de répercuter cet enseignement aux plus novices (kohai) ; c’est d’ailleurs en enseignant à ce niveau que l’on peut progresser soi-même – Maître TAMURA disait : « ce qu’on reçoit, il faut le redonner si on veut progresser en aikido ».Je tire aujourd'hui ma légitimité des enseignements que j'ai reçu et que j'ai cultivé par mon travail et mes recherches ; la progression de mes élèves est le meilleur indicateur de la qualité de mon enseignement . Il appartiendra, à ceux-ci,de poursuivre cette transmission.
Selon vous, qu'apporte principalement cette discipline à celles et ceux qui ont choisi de la pratiquer ?
Les apports de l’aikido sont proportionnés à l’engagement que l’on consent et à ce que l’on recherche. Des les premiers cours on constate que sans s’en rendre compte, on mobilise beaucoup de muscles dont on ignorait l’existence ; le premier apport est un entretien physique.Ensuite, on réalise une veritable rencontre avec autrui en nouant des relations de confiance et de dépassement de l’adversité ; le deuxième apport prend donc une dimension sociale. Ce faisant, on gagne en confiance et on craint moins l’autre ce qui, incidemment, peut permettre de moins appréhender et mieux gérer des situations d’agression. En approfondissant sa pratique avec la maîtrise des techniques, on découvre une dimension plus énergétique à travers les positions du corps, les déplacements et le contrôle des respirations ; on découvre ainsi des capacités insoupçonnées en terme de puissance liée à une mobilisation maîtrisée de l'énergie vitale (kokyu ryoku). C’est cette dimension qui permet de pratiquer l’aikido pendant toute une vie. Enfin, quand on pratique suffisamment longtemps avec application, on voit l’aikido déborder de son cadre formel pour inspirer de nombreuses situations de vie et apporter des réponses en terme d’art de vivre ; j’ai personnellement constaté combien l’aikido avait pu me permettre de mieux gérer mes entreprises, de mieux réagir à des situations conflictuelles, voire de faire face à des situations extrêmes, notamment en montagne, quand je pratiquais l’alpinisme. L’aikido vous apporte cette nécessaire décontraction positive, limite toutes ces crispations génératrice de blocage et de conflit.
A ESSEY les NANCY et RICHARDMENIL , c'est vous qui vous assurez les cours, à qui s’adressent-ils ?
J’assure principalement les cours des Vendredi ( Cercle privé d'Essey les Nancy) et des Lundi (Richardmenil) auxquels participent tous mes soto deshi (élèves enseignants en formation) mais qui sont ouverts à tous les élèves, sans exception ; j'interviens aussi régulièrement dans mes autres dojos et il m’arrive aussi d’assurer des stages dans d’autres régions. Comme j’ai pu le dire plus haut, mes cours s’adressent à tous ceux qui le souhaitent , sans aucune distinction.
Quels sont en dehors de l'aïkido vos principaux centres d’intérêt ?
J’affectionne particulièrement les choses en rapport avec la nature : les animaux, les plantes, et tout ce qui nous met en relation avec notre environnement si riche et tellement indispensable à notre équilibre : randonnées en montagne, jardin, cuisine et gastronomie ... et, bien entendu, dans ce contexte, les temps précieux de rencontre et d’échange avec ma famille et mes amis.