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Shu Ha Ri Ryu 2 : interview J FAIVRE

Shu Ha Ri Ryu 2 : interview J FAIVRE 

 

Quelle structure, dans l’idéal, peut permettre à un senseï d’enseigner pleinement son art ? 

 

Le premier principe de tout art martial est de pouvoir éviter, au maximum, les dépendances extérieures et d’être en mesure de prendre et d’assumer toutes ses décisions, son style et ses modes de fonctionnement.

 

Il suppose l’existence d’une structure, en l’occurrence un dojo, totalement indépendante et en capacité d’assumer tous ses besoins, notamment financiers, sans que des aides (État, collectivités locales, fédérations …) soient indispensables à son existence.

 

Cela impose une fréquentation suffisante et durable pour disposer, notamment, des recettes en rapport. Cette caractéristique essentielle est, à elle seule, une justification de l’intérêt général du dojo pour les populations et de sa légitimité.

 

Shu Ha Ri Ryu s’est ainsi donné les moyens d’exister de manière complétement indépendante : financièrement, juridiquement et dans sa gestion courante : fonctionnement de l’association, comptabilité, communication, assurances, animations, stages, attribution des fonctions et niveaux, relations et conventions avec les collectivités locales, relations avec les autres structures martiales, choix des partenaires …

 

Ses statuts, agréés en préfecture, respectent les règles du Reishiki (règles traditionnelles de fonctionnement et de comportement au sein du dojo) et des lois en vigueur dans le pays.

 

Il doit être en mesure de maîtriser toutes ses dépenses en justifiant leur bien-fondé au service du dojo et de ses adhérents.

 

En résumé, un dojo peut exister pleinement quand il est capable de fonctionner par lui-même sans avoir à en référer à une instance extérieure.

 

Il doit disposer d’un Senseï expérimenté et disponible pour assurer ou faire assurer les cours par ses élèves professeurs.

 

Il doit permettre au senseï d’assurer pleinement la pratique qui résulte de son cheminement et des maîtres qui l’ont inspiré.

 

Le senseï doit pouvoir désigner, seul, la place que chaque élève occupera au dojo et les responsabilités qui en découlent.

 

Le dojo doit être en capacité de prendre, à travers ses instances (Soké, senseï, bureau) toutes les décisions concernant son fonctionnement. 

 

Il doit rassembler régulièrement et durablement un nombre d’élèves suffisant.

 

Le senseï doit constamment avoir en tête d’assurer sa transmission en formant les élèves -professeurs qui pourront assurer la pérennité du dojo quand il ne sera plus là.

 

Il doit disposer de recettes suffisantes pour équilibrer ses comptes et assurer son évolution ; et cela, idéalement, sans devoir compter sur des subventions locales et/ou nationales.

 

Il doit pouvoir financer tous les équipements dont il a besoin et organiser toutes les manifestations qu’il juge utiles (Stages, démonstrations, convivialité, accueil d’experts …)

 

Il doit rester ouvert à tous ceux qui souhaitent partager leur approche et leur pratique de l’aïkido.

 

Quelle est la position de l’école en matière de grades ? Celle-ci délivre-t-elle des grades et si oui, sont-ils reconnus par l’état ou par l’aïkikaï japonais ?

 

Comme je l’ai évoqué plus haut, Les grades sont attribués au sein du dojo par le senseï pour désigner la place de chacun. Ils définissent les rôles et les responsabilités assumés par chacun dans les différentes tâches du dojo : enseignement, communication, secrétariat, gestion financière, organisation d’événements …

 

L’appréciation des niveaux de pratique dans la discipline (grades, …) tient compte de la capacité à reproduire, à comprendre et à enseigner des techniques, aux qualités humaines des pratiquants, à leur respect du Reishiki, à leur connaissance des cultures martiales orientales, en particulier de la culture japonaise, et de leur engagement dans les tâches du dojo.

 

Les grades délivrés sont une affaire interne au dojo et ne veulent, en aucun cas, être comparés aux grades délivrés par les fédérations, l’état ou l’aïkikaï.

 

Conséquemment, les grades délivrés par les structures extérieures aux dojos ne sont pas reconnus au sein de l’école.

 

Conformément aux règles martiales, le niveau d’un pratiquant doit transparaître à travers ses comportements, son attitude (shisei), sa qualité d’exécution et de transmission des techniques, sa capacité à s’adapter à tous les pratiquants et à entretenir des relations harmonieuses et enrichissantes avec eux.

 

Le plaisir qu’il prend à enseigner doit rejaillir sur ses élèves et contribuer à soutenir leur motivation à progresser.

 

Un dojo adhérent d’une autre structure (fédérations, Écoles, groupes …) peut-il être partenaire de L’école d’aïkido traditionnel – Shu Ha Ri Ryu ?

 

Oui, un partenariat peut s’établir sur la base de la liberté des personnes physiques ou morales de découvrir et de s’inspirer de pratiques libres et/ou différentes, sans rapport avec des questions d’appartenance, de hiérarchie, de pouvoirs ou de grades. 

 

Il est essentiel de considérer les pratiques différentes comme autant de questions qui enrichiront les pratiques respectives et ce, sans nécessairement déboucher sur une assimilation de l’un ou l’autre style, ou une confusion des pratiques.

 

Vous semblez très critique à l’encontre des fédérations ; quelles relations voulez-vous entretenir avec celles-ci ?

 

J’ai effectivement critiqué un mode de fonctionnement (centralisation, homogénéisation, standardisation) qui nuit au développement de notre art martial et induit des comportements impropres aux valeurs universelles (Aï) prônées par O Senseï.

 

Il appartient à ces structures de choisir d’autres axes de fonctionnement, respectueux de l’autonomie des dojos et proposant de véritables services au développement de ceux-ci.

 

Je conçois les fédérations comme des groupements de dojos.

 

J’ose croire que beaucoup de dojos souhaitent retrouver toutes leurs prérogatives sans pour autant rejeter les services qui pourraient résulter d’un groupement, conçu comme autre chose qu’un centre dirigeant distributeur “d’agréments“ et de pouvoirs. 

 

Cela nous conduit à l’idée d’une confédération au sein de laquelle les dojos restent indépendants et souverains, mais peuvent bénéficier des services de la confédération sur des causes communes : communication/promotion, négociation de prix sur des volumes (matériels, équipements, assurances, emprunts bancaires …), prestations juridiques, formations, relations et échanges internationaux … 

 

Quelles relations l’école Shu Ha Ri Ryu entretient-elle avec des dojos qui souhaiteraient fonctionner comme elle ou qui souhaiteraient établir des liens de partenariat avec elle ? Que peut apporter concrètement l’école à ces dojos ?

 

L’école Shu Ha Ri Ryu ne veut en aucune manière interférer dans la direction et la gestion de dojos juridiquement structurés (association, entreprise individuelle, SARL, EURL …) ou percevoir de cotisations ou quelle qu’autre redevance au prétexte d’une adhésion.

 

En tout état de cause, chaque dojo partenaire conserve toute sa spécificité, ses styles de pratique et ses choix de fonctionnement. 

 

L’école Shu Ha Ri Ryu n’entends pas s’ériger en modèle tout en affirmant sa spécificité et son unicité ; elle respecte, en retour, les spécificités et l’unicité des dojos partenaires. 

 

C’est à l’occasion des rencontres et des partages que les différences d’approches pourront s’enrichir mutuellement

 

Les dojos, qui se reconnaitraient dans l’esprit de notre démarche, pourront alors s’afficher comme “ dojo partenaire de L’école d’aïkido traditionnel – Shu Ha Ri Ryu “ et seront affichés comme tels sur les supports de communication de L’école d’aïkido traditionnel – Shu Ha Ri Ryu “. En contrepartie, ils afficheront leur partenariat sur leurs supports de communication.

 

Par ailleurs, appuyée sur une expérience de près de 50 ans, L’école Shu Ha Ri Ryu peut aider les dojos partenaires à acquérir leur autonomie et ce de manière totalement gratuite. 

 

Mise à disposition d’un kit de gestion du dojo : Modèle de Statuts juridiquement validés et conformes au reishiki, gestion des inscriptions, paiement en ligne des cotisations du dojo, aide au choix de partenaires bancaires et assurances, fournisseurs d’équipements, aide à l’organisation et gestion de stages, aide à la création d’un site internet et à une présence sur les réseaux sociaux, assistance juridique en lien avec un cabinet d’avocat, bénéfices d’achats groupés d’équipements … 

 

Les élèves des dojos partenaires peuvent venir, librement et gratuitement, participer aux cours de l’école Shu Ha Ri Ryu et réciproquement.

 

En résumé, Shu Ha Ri Ryu souhaite impulser un rapprochement des dojos existants, respectueux de leurs choix et de leur senseï, et, ce faisant, générer une dynamique débridée davantage centrée sur les valeurs humaines de l’aïkido. 

 

A-t-on le droit de créer des dojos sans tenir compte des exigences de l’état (brevets d’enseignement, appartenance à une fédération agréée …)  Et les fédérations disposent-elles d’un monopole dans l’enseignement de l’Aïkido ?

 

Tout d’abord, il faut admettre que l’aïkido est un art et en aucun cas, un sport. 

 

A fortiori, il ne peut en aucune manière générer de compétitions.

 

Il a davantage sa place comme une activité culturelle et conséquemment, ne peut en aucune manière répondre à des critères sportifs et notamment, à l’établissement de catégories (âge, sexes, …) et/ou de normes de comparaison nationales, essentiellement nécessaires à l’organisation des compétitions.

 

Existe-t-il des catégories dans les domaines artistiques et culturels ? En matière de peinture, de danse, de musique, d’art culinaire … va-t-on délivrer des grades et revendiquer des qualités nationales et d’état ? 

 

Dans ces domaines, les qualités artistiques peuvent être soulignées par des jurys qui attribuent des prix mais quels artistes pourraient se voir refuser l’exercice de leur art quand il ne se soumettent pas à ces jurys ? 

 

Et combien, dont la carrière et le talent sont incontestables, ont toujours refusés de se soumettre à ces jurys ?

 

Que beaucoup, dans notre domaine, aient besoin de justifier leur qualité en se référant à des jurys d’examen est une chose.

 

Qu’un boulanger bénéficie d’une reconnaissance délivrée par un jury est une chose, mais si celui-ci se contente de ce satisfecit et n’améliore plus la qualité de ses produits, ses clients ne manqueront pas de se détourner de son échoppe.

 

Il est trivial aujourd’hui de souligner combien des grades affichés ne coïncident plus nécessairement avec une qualité d’enseignement ou, plus préoccupant, avec une qualité humaine. Combien de soient disant experts ont besoin de faire état de leur grade quand leur pratique et leurs comportements ne sont pas en adéquation avec leur niveau affiché. 

 

Recevoir une distinction des mains d’un maître qu’on a choisi de suivre est totalement appréciable et digne de la valeur qu’on reconnait à ce maître. Cette distinction n’est alors qu’un encouragement à progresser dans la voie de ce maître et non pas un galon conférant des pouvoirs. 

 

Recevoir une distinction d’un jury composé de personnes qui ne connaissent pas les pratiquants et dont l’appréciation repose sur une pratique standardisée et sans âme, n’a de valeur que celle des pouvoirs dont on pense hériter à ce titre. De quelle légitimité parle-t-on alors ?

 

Juridiquement parlant, le monopole d’état du sport en vigueur en France (qui reste une spécificité française) concerne les activités sportives compétitives et ne peut s’appliquer à notre discipline, sauf à vouloir intégrer les grades dans une échelle comparative établie selon des critères d’état, comme on établit des catégories sportives pour des championnats.

 

La création de grades d’état ou de brevets d’état n’a pas d’autre valeur que celle qu’on peut attribuer à cette reconnaissance et ne peut pas s’imposer comme seul critère de valeur des enseignements. 

 

Ceci reviendrait à contester le statut de libre entreprise responsable de ses choix et de la qualité de ses prestations.

 

Jusqu’à présent, la création d’entreprises ou d’associations est libre et engage la responsabilité de leurs dirigeants, sous réserve d’un respect des lois en vigueur dans le pays. 

 

Le critère juridique de compétence ne concerne pas des structures qui ne sont pas soumises à des ordres professionnels comme par exemple l’ordre des médecins, dont le champs d’exercice est juridiquement défini. 

 

Le champ d’exercice et d’enseignement de l’aïkido est-il si bien défini en France aujourd’hui quand depuis plus de 60 ans aucun accord n’a pu être trouvé entre les différentes écoles ou fédérations ? On n’a pas encore constaté, en France, de poursuites pour exercice illégal de l’enseignement de l’aïkido.

 

Que les fédérations proposent des services (assurances, formations …) et des distinctions qui satisfont leurs clients, voire leur permettent d’obtenir des aides financières d’état est une chose. Mais que celles-ci essayent de s’arroger un monopole est pour le moins sujet à question sur la légalité de cette prétention.

 

J’ai monté mon premier dojo il y a 40 ans, permis à de très nombreux élèves de découvrir et d’approfondir notre art, formé des professeurs qui enseignent aujourd’hui. 

 

A aucun moment je n’ai fait l’objet de manquement à mes obligations de services et de recours juridiques faisant suite à des pratiques illégales ou ayant causé un préjudice. 

 

Notre école perçoit depuis des années, des subventions des communes qui nous accueillent, reconnaissant ainsi l’intérêt de notre activité pour les populations.  

 

Et j’ai toujours refusé de souscrire aux “habilitations“ d’état, sans intérêt pour l’exercice de notre discipline. 

 

Je n’ai jamais constaté non plus que ces “références d’état“ représentaient un plus pour la promotion de mes dojos. 

 

Seuls m’importent le nombre et la participation régulière de mes élèves et les affluences qui se manifestent aux stages que j’anime personnellement ou avec d’autres professeurs.

 

Comment voyez-vous la formation des professeurs ? Une école des professeurs des dojos serait-elle utile selon vous ? Et pensez-vous qu’elle pourrait rassembler les enseignants des dojos partenaires ?

 

Les Senseï des dojos ont suivi leur formation auprès des maîtres de leur choix et cette formation se poursuit auprès de leurs élèves et dans les rencontres qui se réalisent à l’occasion des stages auxquels ils participent. 

 

Il n’en demeure pas moins que des échanges d’expériences avec les professeurs d’autres dojos seraient bénéfiques.  

 

Je crois qu’il serait utile et profitable aux dojos que les professeurs et élèves professeurs puissent se réunir régulièrement pour échanger et bénéficier de l’expérience des plus anciens sur toutes les questions relatives aux dojos (techniques, “pédagogiques“, juridiques, organisationnelles, philosophiques …). 

 

La forme, les contenus et les calendriers mériteront d’être définis par les participants, et les lieux pourront être tournants, permettant de découvrir les dojos des partenaires. Ces rencontres devront se partager entre des temps de pratique et des temps de discussion, sans oublier la nécessaire convivialité qui devra soutenir ces échanges.