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Shu Ha Ri

Selon TAMURA Nobuyoshi Senseï

« (Shu ha ri) s’applique à toutes les techniques traditionnelles, que ce soit dans le Chado, la voie du thé, du Kado, l’arrangement floral, etc... Toutes ces voies s’étudient ainsi et passent par ces étapes. Shu est l’étape où l’on suit scrupuleusement l’enseignement de son maître jusqu’à arriver à reproduire exactement les techniques. Une fois arrivé à ce niveau on essaye de voir ce que tel ou tel changement implique. On sort du moule pour continuer son étude. C’est Ha. Finalement on dépasse les contradictions et la technique devient sienne. C’est Ri."»  

 

Selon Kacem Zoughari 

Shu ha ri représente aussi symboliquement le passage de l'enfance à l'âge adulte.

L'étape shu correspond à l'enfance. On copie. On essaye de faire comme papa maman. L'étape ha correspond à l'adolescence. On veut faire différemment. On veut vivre ses propres expériences. Ri, enfin, est l'âge adulte. On n'essaye plus de copier ou faire le contraire de ses parents. Nos actes ne sont plus supposés être en réaction.

Bien entendu être sorti de l'adolescence ne signifie pas que l'on sache tout. Et chaque instant de notre vie peut, jusqu'au dernier, être source d'évolution. Notez en outre que shu ha ri est un processus riche qui comporte de nombreux enseignements, et d'autres niveaux de lecture."

"Le processus d'enseignement des Budos se caractérise par les étapes shu, ha et ri. En simplifiant, shu est l'étape de l'imitation. C'est une période durant laquelle l'élève doit imiter le maître. L'essentiel est de reproduire de façon aussi fidèle que possible ce qu'il réalise. C'est une étape frustrante, qui ne laisse pas de place à l'interprétation. Mais elle permettra à l'adepte de découvrir les principes et stratégies de la discipline, et surtout l'obligera à s'oublier soi-même en mettant de côté ses préférences et réflexes naturels.

Les uchi-deshis personnifient parfaitement cette période. Si l'on considère que les élèves d'Osenseï s'entraînaient une moyenne de trois heures quotidiennes, et que nombre d'entre eux partaient enseigner après quelques années, on peut prendre le chiffre de 5 000 heures comme indicatif de la durée MINIMALE de la période de shu. Pour des pratiquants "moyens" qui s'entraînent deux fois une heure et demie par semaine hors vacances scolaires et font quelques stages, cette période durerait donc… vingt à trente ans.

La période ha est celle de l'exploration. L'adepte est alors capable de reproduire fidèlement et avec une certaine efficacité les formes qu'il a étudiées. Etant souvent devenu enseignant, il commence à expérimenter les possibilités que peuvent offrir des variations, et même des changements importants dans ce qu'il a appris. Me considérant à cette étape, je n'ai aucune idée de sa durée moyenne, mais je crois qu'on peut imaginer sans grands risques qu'elle prend AU MINIMUM autant de temps, c'est à dire 5 000 heures. C'est une étape que connaîtront peu de pratiquants.

Et c'est enfin ri, la période de la maîtrise. À ce stade l'adepte n'agit plus en réaction à l'enseignement qu'il a reçu, ne cherchant ni à le copier, ni à s'en écarter. Sa pratique pourra être proche, comme très différente de celle de son maître. Elle sera dans tous les cas une incarnation libre et légitime de la discipline. Rares sont naturellement les adeptes qui atteignent ce stade.

Si métaphoriquement la période shu correspond à l'enfance où l'on imite ses parents, et la période shu à l'adolescence où l'on agit en réaction à eux, ri correspond à l'âge adulte. Celui où nos actes, similaires ou différents, ont le poids des enseignements reçus et de nos expériences.

Bien entendu ceci est une présentation simplifiée de shu ha ri. En pratique les stades sont perméables, et les allers-retours entre les différentes étapes, nombreux."

Selon SUGA Toshiro Senseï

"Shu, ha et ri sont trois étapes qui sont suivis par les voies traditionnelles japonaises classiques. En simplifiant on peut dire que shu correspond à l'intégration, c'est une période où l'élève travaille dans une imitation totale de son maître. Ha est la période "destructrice". L'élève travaille dans des directions parfois opposées à celle de son maître et fais le maximum d'expériences possibles afin de s'approprier ce qu'il a reçu dans l'étape précédente. Finalement le dernier stade, ri, est l'expression véritable de l'art que l'élève, devenu maître à son tour, a développé. Il est au-delà de la dualité et ne cherche ni à imiter ni à se différencier. Il est devenu son art et l'art s'exprime spontanément à travers lui. C'est l'état qu'a atteint aujourd'hui Tamura senseï dans sa pratique de l'Aïkido."