Shu Ha Ri Ryu 1- Interview Jacques FAIVRE
Shu Ha Ri Ryu - Ecole d'aikido traditionnel - Sens et perspectives - Interview Jacques FAIVRE Soké
Préambule :
« “ Shu Ha Ri “ s’applique à toutes les techniques traditionnelles, que ce soit dans le Chado, la voie du thé, du Kado, l’arrangement floral, etc... Toutes ces voies s’étudient ainsi et passent par ces étapes. Shu est l’étape où l’on suit scrupuleusement l’enseignement de son maitre jusqu’à arriver à reproduire exactement les techniques. Une fois arrivé à ce niveau on essaye de voir ce que tel ou tel changement implique. On sort du moule pour continuer son étude. C’est Ha. Finalement on dépasse les contradictions et la technique devient sienne. C’est Ri » TAMURA NOBUYOSHI Shihan
Jacques FAIVRE, vous venez de créer l’École “Shu Ha Ri Ryu“ ; quel a été votre parcours et qu’est-ce-qui vous a amené à prendre cette décision ?
J’ai commencé l’aïkido en 1978 et, dès le début, j’ai bénéficié des enseignements de nombreux experts français et des maîtres, formés par le fondateur de l’aïkido O senseï UESHIBA Morihei : TAMURA, KANAI, KOBAYASHI, YAMADA, SUGANO, SUGANUMA, SUGA, UESHIBA Moriteru ...). Mais ma rencontre avec Tamura Nobuyoshi Shihan en 1980 a cependant été décisive.
Après avoir fait l’expérience de structures fédératives centralisatrices extérieures (FFJDA, FFLAB, FFAB, EPA-ISTA), pendant plus de 40 ans, et éprouvé leurs limites, j’ai réalisé combien l’autonomie de fonctionnement des dojos constituait un élément capital pour le développement d’un art martial délivré de tous les conflits d’intérêts qui polluent l’aïkido aujourd’hui (pouvoirs personnels, avantages financiers …)
J’ai vu, pendant tout ce temps, les dojos affiliés s’effacer progressivement pour devenir des clubs sportifs, en perdant presque toutes leurs prérogatives et leurs capacités de décision, au bénéfice de structures centralisatrices.
J’ai vu aussi le nombre de pratiquants s’effondrer de manière significative autant dans les dojos que dans les stages.
Alors qu’en France, l’aïkido pouvait se réjouir de la présence d’un des meilleurs représentants de l’aïkido du fondateur, en la personne de TAMURA Nobuyoshi Shihan, une confusion s’est produite entre la nécessité de donner à celui-ci une structure légale (la FFLAB - Fédération Française Libre d’Aïkido et de Budo créée en 1982, puis FFAB pour être conforme aux attentes de l’Etat ) lui permettant de diffuser son enseignement et la justification de la pérennité de cette structure en dehors de la présence du Senseï.
Cette confusion a servi les tenants d’une tendance centralisatrice, déjà largement soutenue au sein de la FFAAA (créée en 1983) et largement encouragée par l’État français.
En réaction à cette tendance, des dizaines de groupes et d’écoles se sont constituées en dehors des fédérations, certains ne reproduisant guère que des clones (pyramides) du système Fédéral dont ils prétendaient se démarquer, subordonnant les dojos, financièrement et administrativement, à un centre décisionnaire.
Centraliser revient à définir un pouvoir qui regroupe tous les dojos sous une direction unique. Pour ce faire, les tenants fédéraux de la centralisation utilisent plusieurs arguments :
Ils réduisent souvent l’aïkido à une activité physique et sportive, organisée autour de techniques codifiées et conformes.
Ils conditionnent l’existence d’un dojo à un agrément d’état (direct ou délégué)
Ils subordonnent l’enseignement au sein du dojo à l’obtention d’un diplôme sportif (brevet d’état ou fédéral) et de grades délivrés par un jury fédéral agréé.
Ils laissent entendre que l’agrément d’état est automatiquement accordé lorsqu’un dojo est affilié à une fédération agréée, en dehors de laquelle il pourrait être illégal d’enseigner l’aïkido et dont la qualité des cours ou la sécurité des personnes ne serait pas garantie …
Et l’obtention de grades et de brevets deviennent la pierre angulaire de tout cet édifice.
Centraliser et agréer présuppose la mise en place d’une standardisation des pratiques et d’une homogénéisation des enseignements, et conséquemment la mise en place d’appareils et de protocoles confiés à des personnes chargées d’évaluer la conformité des pratiques aux standards définis (jurys, stage de préparations aux passages de grades, examens …).
De plus, standardiser une exécution technique, outre le fait de ne pas en retenir toute la profondeur, va générer des désaccords et des querelles.
Le standard devient La Vérité en dehors de laquelle une autre exécution devient fausse ou “hérétique“. L’analogie avec les guerres de religions peut paraître excessive, mais le mode de pensée qui sous-tend cette démarche conduit toujours à des conflits, des divisions et des rejets.
Va ainsi se créer toute une cascade de pouvoirs délégués, porte ouverte à toutes les querelles d’égos, aux conflits de pouvoirs et à tous ces travers qui divisent et nous éloignent des valeurs fondamentales de l’aïkido.
De plus, la standardisation des pratiques revient à limiter l’aïkido à l’exécution de techniques figées, impersonnelles, vidées de leur substance. A fortiori, comment un art pourrait-il survivre en limitant son champ à l’exécution de standards ?
Le simple fait de subordonner l’attribution des grades à des séances de “préparation“ pour que l’exécution des techniques reproduise bien les standards attendus par des jurys agréés, extérieurs aux dojos, débouche sur une pratique superficielle et de plus en plus inconsistante.
L’attribution inflationniste de grades que l’on observe aujourd’hui dans les fédérations, est un révélateur de cette tendance où l’on attend seulement des candidats une exécution codifiée de gestes désincarnés.
La pensée orientale s’articule autour de l’unité dynamique des contraires qui se nourrissent l’un de l’autre : pas de yin sans yang et pas de yang sans yin.
Homogénéiser et standardiser une pratique revient à nier, à exclure les différences, à niveler celles-ci.
Or, c’est bien dans la dynamique des différences que se construit l’évolution des êtres et des choses.
A fortiori, quand il s’agit d’un art martial traditionnel dont le devenir, appuyé sur les racines des anciens, se construit aux termes d’une appropriation réalisée selon les 3 temps : Shu Ha Ri.
Shu est bien un temps d’imitation du modèle représenté par le Senseï dans toute sa dimension humaine : ses techniques, ses postures, ses comportements, toutes ses expressions et toutes ses façons d’être.
C’est tout cela qui va fonder l’appropriation de l’aïkido. Ce passage nécessaire va éduquer le corps à travers la répétition des gestes et des mouvements, mais il va aussi éveiller l’esprit aux valeurs martiales, à un art de vivre, à une philosophie.
Et Shu ne se confond pas avec la reproduction de techniques standards, ne se limite pas à la seule imitation de techniques.
Il y a une grande différence entre imiter en s’imprégnant du modèle offert par son senseï et reproduire des techniques standards, froides et impersonnelles, résultant d’un compromis passé entre des instances extérieures, dépouillées de leurs dimensions humaines, figées dans un grade gratifiant surtout les egos.
Les finalités ne sont pas les mêmes.
C’est seulement à partir de cette relation pleine à un senseï, renforcée à travers la relation Kohai-Senpaï, que la phase Shu pourra déboucher avec le temps et l’exploration, sur celle de l’appropriation de techniques, et de postures (Shiseï), plus adaptées et intégrées au corps de l’élève (phase Ha).
C’est dans cette phase de recherche personnelle que pourra se dessiner, toujours avec le temps et la persévérance, la phase Ri où le modèle du senseï va vivre dans le corps de l’élève et s’exprimer à travers lui.
C’est dans cette dynamique que l’on peut parler d’un art martial traditionnel, comme une transmission initiatique assurée de Maîtres à élèves au fil des générations.
C’est en comprenant cette démarche que l’on mesure combien le rôle de senseï engage et oblige, tout comme celui des parents qui servent de modèles à leurs enfants.
L’exemplarité du modèle est essentielle au devenir de ceux qui le suivent.
Comment un jury, hors la présence d’un maître, peut-il se substituer à un modèle incarné qui inspire et motive l’évolution ?
C’est fort de cette réflexion, et inspiré de ce que j’ai pu recevoir des modèles que j’ai pu suivre et en particulier de TAMURA Nobuyoshi Senseï, qu’il m’est apparu nécessaire de redonner au Senseï (et conséquemment au Dojo) toutes ses prérogatives et son indépendance.
Il ne s’agit pas ici de créer un nouveau style, une nouvelle école qui détiendrait La vérité. Il s’agit simplement de se donner les moyens de faire fonctionner un dojo traditionnel, capable d’échanger et de s’unir avec d’autres dojos qui souhaitent partager leurs cheminements, sans relations d’argent ou de subordination.
Ainsi, après plus de 45 ans de pratique et plus de 40 ans d’enseignement, j’ai décidé en 2020, de créer une structure indépendante qui allait devenir l’école d’aïkido Traditionnel “Shu Ha Ri Ryu“ dont je suis le Soké. A ce jour, l’école regroupe 6 dojos pour plus de 80 pratiquants.
Quel sens donnez-vous au nom de l’école “Shu Ha Ri Ryu“ ?
Ce nom, comme j’ai pu l’expliquer plus haut, rejoint la qualité du Senseï, et donc du dojo et de l’école.
Être Senseï d’un dojo engage et oblige ; et notamment à s’inscrire dans le cheminement Shu Ha Ri.
Cela suppose que le Senseï soit en permanence en recherche d’évolution, de progression dans la voie et qu’il emmène avec lui, avec empathie, générosité, et beaucoup d’indulgence, tous les élèves dont il est responsable. Prendre toujours plaisir à enseigner revient à donner du plaisir à ses élèves.
“ Comment donc partir à la quête du maître véritable ?
Le premier point à retenir est la personnalité du maître. En effet, l'aïkido va agir sur le corps et sur l'esprit. Si le maître est pur, humble, épanoui, rayonnant, son enseignement sera le reflet de sa personnalité. Peu importe que ses techniques soient brillantes ou efficaces, que sa manière d'expliquer soit excellente car tout cela ne vit, en réalité, que par les qualités du cœur.
Le deuxième point est de trouver quelqu'un « d'avancé sur la voie », c'est-à-dire, quelqu'un qui a pratiqué durant de longues années l'aspect technique comme l'aspect spirituel et en a retiré une grande expérience.
En troisième point, ce maître possèdera une grande force d'enseignement ; il sera bienveillant, juste, attentionné, pour le plus grand profit des élèves.
En quatrième point, et je pense que ceci est particulièrement important, il est essentiel que l'homme se livre à une recherche sans cesse renouvelée. Cela signifie que, chaque jour, il doit trouver en lui les forces de recommencer à zéro. Le « grand maître » qui croit être un « grand maître » qui n'a plus besoin de travailler ; ce « grand maître“ -là, mieux vaut l’éviter...
Je crois, en effet, qu'un jeune professeur qui n'est pas encore techniquement ou pédagogiquement parfait et dont l'expérience n'est pas encore complète, mais qui travaille et s'efforce de découvrir, d'aller toujours plus loin ; je crois que ce jeune professeur est digne d’intérêt et qu’il est possible d'aller avec ce professeur tout au long de la voie. “
Tamura Nobuyoshi Shihan
Pour que la phase Shu s’accomplisse au mieux, il importe que le senseï, en tant que modèle, favorise une imitation pleine et entière, qui ne se limite pas à l’exécution de gestes techniques.
C’est là toute la responsabilité du senseï. C’est toute sa personnalité et ses comportements qui vont devoir éclairer le cheminement de ses élèves.
C’est par sa volonté de ne pas en faire de simples imitateurs au service de son égo qu’il donnera à ses élèves cette liberté et cette envie de découvrir leur propre aïkido.
C’est la compréhension et la mise en œuvre de ce cheminement que le nom de notre école résume et symbolise.
Avez-vous des modes de fonctionnements particuliers ou qui pourraient surprendre des pratiquants d’autres écoles ?
J’espère quand même qu’il n’y a pas tant de différences dans les modes de fonctionnements qui ont cours au sein des dojos.
Deux points cependant, très symboliques, méritent d’être relevés : ils concernent l’affichage vestimentaire des grades et des niveaux et les cours spécifiques selon des catégories d’âge, d’ancienneté, de “niveau“, voire de sexes.
Ceintures de couleurs, ceinture noire, hakama … autant de distinctions qui n’ont pas cours dans notre école.
Dans le dojo, tous les pratiquants sont censés ne pas porter de marques distinctives. Il est attendu que l’habit traditionnel soit porté par tous, sans distinction particulière. Autrement dit, pas de ceintures de couleur notamment.
Avec les distinctions vestimentaires, à fortiori quand celles-ci prétendent marquer un niveau dans la pratique, les pratiquants n’affichent rien d’autre que leur égo et figent leur progression en croyant l’affirmer.
Dans un art martial, chacun doit être en mesure d’apprécier sa place au sein du dojo. Cela fait partie de l’éducation martiale.
Chaque aïkidoka doit savoir avec qui il travaille et savoir s’il est en situation de kohaï ou de senpaï.
A l’origine des arts martiaux, c’était une question de vie ou de mort. Un défaut d’appréciation sur le niveau d’un adversaire, et on perdait la vie. Et les marques extérieures ne pouvaient pas venir en aide aux combattants.
Nous n’en sommes plus là aujourd’hui mais nous pouvons en garder une leçon : la pratique martiale doit nous permettre d’apprécier, dans les comportements, la posture (le shiseï), le regard et tout ce qui émane d’une personne, à qui nous avons affaire.
Allons-nous être en position de Kohai ou de Senpaï ? Qu’on soit l’un ou l’autre, cela fait partie de l’apprentissage et ne saurait, en aucun cas être une question d’’affichage.
“Il est grotesque d'avoir à dire « respectez-moi car je suis votre sempai ... Le respect envers le sempai ne doit pas être provoqué, le kohai doit tout naturellement avoir envie de respecter le sempai. Le sempaï, lui, prend soin du kohai car le kohai occupe la place qui est la sienne et mérite par-là que l'on s'occupe de lui. “ Tamura Nobuyoshi Shihan
Et cette précieuse qualité d’appréciation constitue un véritable cadeau qui déborde largement du dojo pour venir nous aider dans nos vies quotidiennes.
Combien de conflits naissent des comportements de personnes qui ne savent pas quelle place elles doivent occuper et s’accrochent à des titres ou à des signes extérieurs de “compétence“ ?
« Pour chaque être, connaître sa juste place, c'est se connaître soi-même. » Tamura Nobuyoshi Shihan
Kohaï et senpaï ne sont pas des rôles figés ; ils peuvent se renverser à plusieurs reprises, au fil du temps et des expériences. Ils ne sont pas acquis une fois pour toute.
En ce sens, il n’est pas exclu que des grades acquis dans un sens puissent, en rapport avec des comportement impropres et persistants, être reconsidérés à la baisse par le Senseï. Ceci reste cependant une situation très exceptionnelle dans un dojo qui fonctionne bien.
Enfin, se pose la question du Hakama. De vêtement traditionnel dans la pratique de l’aïkido, ce vêtement est devenu, dans de très nombreux dojos, une marque distinctive de niveau :
On peut le porter à partir de 2ème Kyu, de 1er Kyu, de Shodan … on voit des cours réservés aux “Hakama“ … on justifie cela pour “protéger“ les débutants qui pourraient subir les assauts “destructeurs“ des anciens … porter le hakama devient une “certificat“ de Senpaï, une marque d’ancienneté.
Dans notre école, le fait de ne pas porter de Hakama est une tolérance accordée aux débutants dans l’attente que leur engagement s’affirme par l’acquisition de cet habit. Et nous nous réjouissons quand des élèves qui commencent l’aïkido, décident d’investir dans un hakama, sans avoir besoin d’y être autorisé par le Senseï.
Maintenant, et pour l’anecdote, quand on me demande de quelle couleur pouvait-être ce hakama, je réponds qu’il doit être le plus commun possible (bleu foncé ou noir).
Et quand on me demande s’il pouvait être blanc comme le keikogi, je fais remarquer que cette couleur n’est pas très pratique et surtout je ne l’accepte pas dés lors qu’elle représente, à nouveau, une marque de distinction, une évidente expression d’un égo qui n’a pas sa place dans nos dojos.
Par ailleurs, concernant les cours spécifiquement adressés à des catégories de pratiquants, je suis de plus en plus convaincu que savoir travailler avec tout le monde est le chemin qui amène à progresser dans la dimension humaine de l’aïkido.
Nous avons bien un cours réservé aux enfants de 7 à 9 ans, surtout pour des raisons d’horaires (mercredi après-midi). Mais nous incitons les parents qui le peuvent, à venir participer à ces cours.
Et dans nos autres cours, nous accueillons les enfants et nous réjouissons de voir les adultes s’adapter et y trouver beaucoup d’intérêt, tout comme les enfants qui apprécient l’intérêt que leur porte les “grands“ et gagnent en assurance personnelle.
En fait filles, garçons, hommes, femmes, séniors (jusqu’à 90 ans), anciens, débutants … travaillent tous ensembles et découvrent les vertus d’un aïkido réellement ouvert aux différences.
Ce qui n’empêche pas, dans le temps d’un cours, de travailler de manière plus soutenue avec des pratiquants expérimentés, mais pas exclusivement.
Et combien “d’anciens“ évitent de travailler avec des “débutants“, parce qu’ils craignent d’être mis en “échec“, alors qu’une relation “complice“ entre “anciens“ est bien plus “confortable“.
Cela peut, peut-être, représenter une frustration pour ceux qui veulent se défouler sans limites, se confronter entre pratiquants confirmés pour affirmer leurs niveaux et surtout leurs égos, ou ceux qui prétendent éviter les blessures qui pourraient survenir pour les plus faibles, …
Mais de quel aïkido parle-t-on alors ? La tentation des pratiques compétitives est toujours là, dissimulée dans les égos des partisans des confrontations de catégories ou des pratiques “démonstratives et spectaculaires“.
Cela étant posé, il ne s’agit pas non plus de proposer un enseignement dégradé, adapté aux moins avancés.
Le senseï doit toujours enseigner à son meilleur niveau pour faire progresser les plus avancés qui ont la responsabilité de faire progresser les plus débutants (relation Kohai/senpaï).
Dans ce contexte, le niveau d’un pratiquant doit se vérifier dans sa capacité à motiver et à faire progresser ses camarades du dojo.
Que signifient les termes de Soké et de senseï ?
Le terme de Soké contient les sens de Fondateur, chef et responsable de ce qu’il a fondé (comme un chef d’entreprise) ; Plus qu’une prétention ou un titre “auto proclamé“, c’est avant tout une responsabilité qui l’engage et l’oblige.
Il appartient au Soké de définir la place de chacun au sein de son école et d’autoriser des élèves-professeurs (Deshi) à enseigner et à se recommander de l’école “Shu Ha Ri Ryu“.
Il assiste ainsi ses élèves responsables dans toutes les tâches nécessaires au bon fonctionnement des dojos, en vérifiant que celles-ci respectent bien les règles et les valeurs du Reishiki, dont il est le référant en dernière instance.
A aucun moment, les décisions prises au sein de l’école, toujours respectueuse des lois en vigueur dans le pays, ne peuvent être subordonnées à une instance extérieure.
Le terme Senseï signifie : “ celui qui était là avant, et qui de ce fait, peut assurer un enseignement. “ Maître et Senseï ont quasiment le même sens, à condition de comprendre la désignation de maître comme “maître d’apprentissage“ ou “maître d’école“, sans y associer un fantasme de maîtrise absolue.
Il n’y a qu’un Senseï dans un dojo ; ce dernier peut confier un cours à un professeur en formation (deshi) mais ce dernier, dans notre école, ne pourra accéder au statut de Senseï que lorsqu’il aura créé et fait vivre durablement son propre dojo dans une structure juridique propre (association, EURL …).
Il appartient aussi au sensei du dojo de faire découvrir à ses élèves, d’autres professeurs qu’il reconnait pour leurs qualités et le niveau qui en découle.
Soké et Senseï représente deux niveaux d’engagement :
Le Soké est responsable de la structure qu’il a fondée et des principes qu’il a établis. Il est, de fait, Senseï des dojos qui fonctionnent dans sa structure.
Le senseï est responsable des enseignements qu’il assure. Sa légitimité est liée à son antériorité dans la discipline, mais aussi et surtout dans les qualités humaines que l’aïkido a pu développer en lui.
Elle se mesure, conséquemment, dans la confiance que lui témoignent les élèves qui le suivent et qui se traduit dans leur nombre, leur fidélité au fil des saisons et les capacités financières du dojo qui en résulte.
Dans la pratique, Senseï et Soké ne se recouvrent pas nécessairement. On peut être Senseï dans une structure dépendante de règles prises dans des instances extérieures au dojo : État, fédérations … auxquelles on peut confier sa communication, sa gestion, ses assurances, l’attribution des grades, son règlement intérieur, la formation de ses élèves, son calendrier de stages, ses instances disciplinaires …
Dans ce cas, le dojo reste dépendant et consacre une partie de ses finances à la structure extérieure à qui il a confié l’essentiel de ses prérogatives, mais il demeure un dojo qui peut évoluer vers une plus grande autonomie.
Quelles sont les attributions du Soké de l’École Shu Ha Ri Ryu ?
Le Soké de l’École Shu Ha Ri Ryu s’inscrit dans la lignée des Maîtres qui inspirent ses enseignements, et notamment O Senseï UESHIBA Morihei et TAMURA Nobuyoshi Shihan.
Il dispose, dans l’association d’une position permanente de Vice-président fondateur, membre de droit du bureau.
Il assure la direction des enseignements de l’ensemble des dojos regroupés dans l’association (nomination des professeurs, attribution des grades, communication …) cf. article 10 des statuts (Fonctionnement et Direction du dojo).
“ Un règlement intérieur définit les usages, attitudes et comportements conformes à la pratique de l'aïkido et à l'éthique requise pour cette discipline.
Le Dojo est placé sous la direction du Maître du Dojo qui est le seul en mesure d'imposer le respect
des dispositions du règlement intérieur et d'en assurer l'effectivité.
Il assure l'organisation et le fonctionnement du Dojo, selon les nécessités de l'enseignement.4 / 9
Le maître du Dojo (soké) désigne et révoque seul ses assistants chargés, dans le cadre de leur formation, de le seconder dans l'enseignement de l'aïkido ou dans l’administration des affaires courantes et des Manifestations du dojo. Il détermine la place de chacun dans la pratique et dans la vie du Dojo.
Il donne son accord préalable à la politique de communication de l'association, afin de s'assurer qu'elle est conforme à l'éthique requise. Le maître du dojo est, de droit, Vice-Président de l'association, donc membre du bureau. “
Il valide les partenariats avec des dojos qui se reconnaissent, totalement ou en partie, dans la démarche de l’école Shu Ha Ri Ryu, souhaitent pouvoir être assistés dans la mise sur pied progressive de leur autonomie et participer à des échanges avec l’École (stages, cours, animations conjointes …).
Le soké peut délivrer un menkyo (capacité à enseigner en son nom) à l’enseignant d’un dojo extérieur qui en fait la demande, sous la réserve qu’il le connaisse et entretient avec lui des relations suivies (participation régulière à ses enseignements, échanges sur diverses questions relatives à la pratique, validation des communications impliquant l’École).
Il devra, en tant qu’élève, respecter les modes de fonctionnements, les pratiques qui caractérisent l’École à laquelle il souhaite appartenir et le Senseï dont il se réclame.
Dans ce cas, le dojo pourra s’afficher comme “ Dojo extérieur de l’école d’aïkido traditionnel – Shu Ha Ri Ryu “ et l’enseignant comme “soto deshi de Jacques FAIVRE Soké“.
En tout état de cause, un dojo extérieur doit être capable de fonctionner en entière autonomie (financière, juridique, organisationnelle,) et ne doit régler, notamment, aucune licence à L’école Shu Ha Ri Ryu.