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NYUMON

 

NYUMON

 

Avant d'aborder les explications techniques proprement dites, que chacun retoume à ses débuts en aikido. Faites comme si vous commenciez l'aikido aujourd'hui.

 

Quelles doivent être vos préoccupations ? Tout d'abord, chercher le maître véritable, ensuite devenir son disciple. Etablir le lien entre le maître et le disciple, s'appelle nyumon. Nyu avec le sens de « iri » dans irimi: entrer. Mon la porte. Donc, franchir la porte. Etre accepté comme disciple (en japonais deshi-in).

 

Disciple se dit : montei, monka, monjin. Mon : porte, tei jeune frère (qui a passé la porte).

Mon-ka : mon : porte, ka : au-dessous (celui qui se tient sous la porte).

Mon-jin : mon : porte, jin : homme (celui qui a passé la porte).

 

Vous remarquerez que tous ces mots se rapportent à la porte. « Porte » signifie la porte de la maison du maître, et par extension, la porte de l'art, la porte de la vérité.

 

Donc montei, monka, monjin désignent celui qui reçoit l'enseignement dans la maison du maître ; ces mots indiquent aussi que le disciple est allé chez le maître et non pas le contraire.

 

Nous disons encore que, si nous voulons recevoir l'enseignement, il faut, en premier lieu, aller chez le maître, frapper à sa porte, attendre que quelqu'un ouvre, peut-être franchir cette porte (nyumon) et alors seulement devenir montei, monka, monjin.

 

Que signifie franchir la porte (nyumon) ? Il y a « la porte ». Entre la porte et la maison, se trouvent le jardin, un chemin, des arbres, des fleurs, un espace. Dans la maison, se succèdent le vestibule, quelques pièces, des couloirs, puis la salle de séjour. Ce qui veut dire qu'avant d'arriver au but, il faut parcourir un long chemin.

 

Encore faut-il considérer que la « porte » peut s'ouvrir ou ne pas s'ouvrir ; c'est la décision du maître ; même la porte ouverte, vous pouvez encore n'avoir accès qu'au vestibule . Le maître peut décider que vous n'avez pas les qualités requises et vous renvoyer (monzen barai).

 

Peut-être pensez-vous que ce n'est pas là une attitude très démocratique, cependant si le disciple a la liberté de choisir le maître, le maître n'étant pas allé le chercher a, lui aussi, la liberté de choisir le disciple. Faisant peu de cas des mille lieues qui peuvent nous en séparer, il faut d'abord chercher son maître véritable. Ainsi en est-il de toutes études... Si vous vous trompez dès le premier pas, plus vous avancerez, plus il deviendra difficile de rebrousser chemin.

 

Comment donc partir à la quête du maître véritable ?

 

Le premier point à retenir est la personnalité du maître. En effet, l'aikido va agir sur le corps et sur l'esprit. Si le maître est pur, humble, épanoui, rayonnant, son enseignement sera le reflet de sa personnalité. Peu importe que ses techniques soient brillantes ou efficaces, que sa manière d'expliquer soit excellente car tout cela ne vit, en réalité, que par les qualités du cœur.

 

Le deuxième point est de trouver quelqu'un « d'avancé sur la voie », c'est-à-dire, quelqu'un qui a pratiqué durant de longues années l'aspect technique comme l'aspect spirituel et en a retiré une grande expérience.

 

En troisième point, ce maître possèdera une grande force d'enseignement ; il sera bienveillant, juste, attentionné, pour le plus grand profit des élèves.

 

En quatrième point, et je pense que ceci est particulièrement important, il est essentiel que l'homme se livre à une recherche sans cesse renouvelée. Cela signifie que, chaque jour, il doit trouver en lui les forces de recommencer à zéro. Le « grand maître » qui croit être un « grand maître » qui n'a plus besoin de travailler ; ce « grand maître »-là, mieux vaut l'éviter..

 

Je crois, en effet, qu'un jeune professeur qui n'est pas encore techniquement ou pédagogiquement parfait et dont l'expérience n'est pas encore complète, mais qui travaille et s'efforce de découvrir, d'aller toujours plus loin ; je est crois que ce jeune professeur est digne d’intérêt et qu’il est possible d'aller avec professeur lui tout au est long de la voie.

 

Surtout ne vous déterminez pas parce que la salle est moderne, que les toilettes sont bien installées, que le cadre est agréable, que les cotisations ne sont pas élevées, que ce n'est pas loin de chez vous, etc. ; évitez les facilités matérielles. Car si c'est là tout ce qui vous sert à prendre la mesure de votre vie, c'est lui accorder bien peu de prix. II faut avoir la volonté d'aller jusqu'au bout, inébranlablement, dès que vous avez pris l'engagement de marcher sur la voie de l'aïkido car, si par lassitude ou par légèreté vous deviez vous arrêter, mieux vaudrait pour vous ne pas avoir commencé.

 

Dans les dojos d'autrefois, au Japon, quand vous « franchissiez la porte » (nyumon), vous scelliez votre engagement de votre sang, vous juriez ne jamais trahir ni le maître ni la voie. A l'Aikikai quand j'ai franchi la porte, on ne jurait plus sur le sang, mais il était nécessaire d'avoir deux parrains qui se portaient garants de vous.

Ainsi on passait la porte ( nyumon) sous d'heureux auspices pour entamer keiko (la pratique). Mais avant d'aborder keiko, je voudrais parler de l'endroit où se fait le keiko : c'est-à-dire le dojo.“

 

Nobuyoshi TAMURA - Aîkido